Le réalisme ‘troubadour gothique’
« C'est un vigoureux coup de balai que M. Jean Mercier a porté dans les poussiéreuses traditions qui présidaient autrefois aux représentations du chef-d’œuvre de Gounod. Avec le concours important de M. Molina, dont les nouveaux décors sont à louer particulièrement, il a redonné à toute l'oeuvre une atmosphère d'une vie, d'un réalisme frappants. »
X., Journal de Genève, 12.04.1947
« Dans la pénombre du laboratoire de Faust, l'oeil ne distingue rien que de très banal. Quant au jardin et à la chambre de Marguerite, on en avait déjà relevé en son temps l'incohérence. L'espace y est si mal réparti que la place libre ne trouve pour ainsi dire jamais d'emploi. Les dégagements sont trop étroits et les surfaces étriquées. »
Jean Delor, La Suisse, 31.03.1965
Attaché à « faire revivre Goethe tout en respectant Gounod », le metteur en scène vivifie toute l’œuvre, « au détriment d’une convention tyrannique et au bénéfice de la vérité artistique. »
« Il faudrait plus de place et de temps pour louer comme ils le méritent la vie saisissante, la recherche minutieuse de l’exactitude dans les costumes et dans les éclairages. Tout cela permet de décerner une palme particulière, et méritée, au talent de M. Mercier. »
Journal de Genève, n. 86, 12.04.1947
1963 : Critique quasi unanime
« La faute en est peut-être au décor de M. François Ganeau qui, plein d’inspiration et de goût à d’autres instants, a réalisé là quelque chose d’une fantaisie un peu débordante, les protagonistes devant se livrer à une sorte de partie de colin-maillart, sortant par une fenêtre, émergeant d’un espalier de façon pour le moins étonnante. »
Jacques Poulin, Journal de Genève, 31.03.1965
« Ailleurs, on tourne le dos au réalisme et l’on demande au spectateur d’accepter la juxtaposition du jardin et de la chambre de Marguerite (cette chambre où la porte ne s’ouvre jamais dans le bon sens !) et les évolutions des suppôts de Satan au milieu d’arcades gothiques très citadines. »
Jean Delor, 22.05.1963
« Côté décor, l’utilisation de l’espace qu’a imaginé François Ganeau m’a laissé une fois de plus perplexe et, une fois de plus, le portillon de la chambre de Marguerite m’a fait songer à la fois au guichet du receveur et à une porte d’étable.
Quand le volet est ouvert et qu’il faut ouvrir la porte, il y a là un véritable problème de circulation pour les acteurs. »
Ed.M.-M., Tribune de Genève, 1.04.1965
« Dans la chambre de Marguerite, dont l’un des murs est imaginaire, les personnages sont obligés de jouer les passe-murailles, quitte l’instant d’après à se faufiler par la porte. »
Jean Delor, La Suisse, 31.03.1965
« Dans cette chambre virginale, on entre comme dans un moulin.
Faust y vient répéter sa scène de séduction à genoux devant une chaise vide, le timide Siebel lui-même y entre crânement pour déposer ses fleurs.
Le bouquet et le coffret, soit dit en passant, comment ne les voit-elle pas en entrant dans sa chambre ? L'amour l'aveugle sans doute. Enfin, elle les découvre au moment opportun, après la ballade du Roi de Thulé. »
« entorses vénielles à la logique et au bon sens »
« Ces entorses à la logique et au bon sens sont vénielles, si l’on veut ; il n’empêche que leur accumulation finit par irriter le spectateur le plus distrait. »
Jean Delor, La Suisse, 31.03.1965